lundi 4 mai 2009

Une poétesse au coin de la rue : Marie Uguay


Au détour d'une interrogation sur l'existence possible d'une bibliothèque dans mon quartier, j'ai appris qu'il y en avait effectivement une qui y avait élu domicile. Elle s'appelle Marie Uguay. Avant de donner son nom à un édifice, elle était avant tout une femme et poète canadienne d'expression française, née ici même dans le quartier de Ville Emard, dans les années 1950. L'histoire est au coin de la rue, partout sous nos pieds...
D'elle et de sa vie, je n'en sais pas plus que les quelques lignes que je livre ici. Mais cette découverte m'a donné le goût d'apprendre à la connaitre à travers ses œuvres et ainsi créer un lien avec le quartier dont je pouvais m'imaginer qu'il avait inspiré la poétesse, dans un autre temps et sous un autre visage.

Je souhaiterais à mon tour faire découvrir trois poèmes (parmi tant d'autres tous aussi intéressants)d'"Outre-Vie", seul recueil que j'ai pu lire pour le moment...

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"Il vente maintenant et mes rêves sont des labeurs
une plongée entre chaque souffle
les bâtiments se fendent en chacun de leurs couloirs
silence cloisons garnies du froid et du morne

Ton absence est le lit de houille le calcaire
où mon dos se grave
et si tu pousses le bois mort le barreau atroce
tout s'émeut et s'épiderme de sa couleur"

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"Précipice de la nuit
les heures se détachent
je suis au fond de l'eau
dans des cavernes immuables
sous d'étranges tranchées d'aveuglement et de surdité
je suis a vif avec parfois des tentations de larmes
des tentations de lassitude extrême
que tu me couches en toi
que je m'endormes à tes épaules
sous tes regards abrupts
que je sommeille dans ta gorge
où l'obscurité s'attelle et clame


Mon corps se défait avant de te rejoindre
avant de te connaitre seulement mon corps se défait
4tu ne vois pas ces fardeaux
ces algues subtiles entortillées à mes poignets
cette torpeur lunaire distillée à la pointe de mes cils
ce sommeil d'étranglée"

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"Une chaise est postée comme un guetteur
comme une grille de jardin
comme un tambour
comme un coeur matinal sur le linoléum
Une chaise pliante pour un souvenir
un tableau de vacances
l'été tu as pris un verre d'orange
qui reposait dans sa couleur
et tu l'as bu
La chaise a dérivé comme une île
comme un bouchon sur le fleuve
happée
comme un morceau de bois grugé par l'eau"

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